Les maux de la parole
Les maux de la parole : violence symbolique et négation de l’autre
par Franck BENHAMOU
On traduit généralement lachone ara par médisance. Nous allons interroger cette traduction, ce qui nous permettra de dégager la signification de ce terme.
« Une parole [malveillante] qui est dite devant la personne concernée ne relève pas de la mauvaise langue ». Rabba en énonçant cette règle brutalement semble fournir une clé pour définir la ‘langue mauvaise’ : il s’agirait de parler « dans le dos ». Le Talmud ira même jusqu’à écrire « toute parole qui a été prononcée devant trois personnes, ne relève pas de la mauvaise langue, en effet chaque personne a un ami et l’ami a des amis… » de sorte à ce que le locuteur en exprimant sa parole en public montre clairement qu’il n’a pas peur que son discours parvienne aux oreilles du concerné. Un terme décrit alors parfaitement l’enjeu de la ‘mauvaise langue’ : la médisance. Le médisant qui se cache de celui dont il parle, qui crée des clans, qui exclut les uns pour inclure les autres. Une phrase anodine comme « il y a du feu chez untel » devient dans la bouche du médisant une stigmatisation de celui qui détient le feu, en le mettant à distance au même moment où il en parle. On semble ainsi disposer d’un tableau complet de ce qu’est la ‘mauvaise langue’, et sur ce tableau on écrit avec la craie de l’hypocrisie. Cette compréhension de la ‘mauvaise langue’ sera tenue par deux grands auteurs le Maharal de Prague et Rabeinou Yona.
Un autre texte pourtant contredit ouvertement cette lecture...
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