La Ménorah : l'esprit au-delà du politique
- Par yona-ghertman
- Le 12/12/2017
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La Ménorah : L’esprit au-delà du politique
Avant d’apparaître dans le Beth haMikdach (Temple de Jérusalem), il est fait mention de la Ménorah à propos de la construction du Michkan (Tabernacle), le ‘temple portatif’ qui accompagna les Hébreux dans le désert, après la sortie d’Egypte. On lit ainsi dans la paracha Térouma :
« Et tu feras un chandelier d’or pur. D’une seule pièce sera fait le chandelier (…). Six branches sortiront de ses côtés : trois branches du chandelier d’un côté, et trois branches du chandelier de l’autre (…) le tout d’une seule pièce d’or pur. Puis tu feras ses lampes au nombre de sept ; on disposera les lampes, et on en dirigera la lumière du côté de sa face (…) »
[Exode 25, 31-40]
Si le texte de la Torah n’explique pas la signification de cet édifice majestueux, un premier indice se trouve dans le texte du Livre de Zacharie :
« L’ange qui conversait avec moi revint ; il me réveilla comme un homme qu’on réveillerait de son sommeil. Et il me dit : ‘Que vois-tu ?’. Je répondis : ‘Je vois un chandelier tout en or, son récipient sur son sommet, ses sept lampes alignées, et sept conduits pour les lampes qui en couronnent le sommet. Puis deux oliviers à ses côtés, l’un à droite du récipient, l’autre à gauche’. Je repris et je dis à l’ange qui conversait avec moi : ‘Qu’est-ce que ces choses Seigneur ?’. L’ange qui conversait avec moi me répondit : ‘Quoi ! Tu ne sais pas ce que signifient ces choses ?’. Je répondis : ‘Non Seigneur’. Il reprit et me parla en ces termes : ‘Ceci est la parole de l‘Eternel à Zorobabel : Ni par la puissance ni par la force, mais bien par mon esprit !’ dit l’Eternel-Tsevaot »
[Zacharie 4, 1-6]
Historiquement, Zorobabel fait partie des dirigeants juifs qui revinrent de l’exil babylonien au 6ème siècle avant notre ère, et participèrent à la restauration de la vie juive en terre d’Israël, alors sous occupation Perse. C’est la période du second temple de Jérusalem. Rachi explique que cette prophétie obscure a pour objectif premier de délivrer un message à Zorobabel : Tout comme les olives mûrissent d’elles-mêmes, l’édification du Temple ne sera pas le fait de la force physique, mais de la volonté divine, donc de la force de l’esprit.
Cette explication doit être prise dans son contexte historique : Alors que les Bné-Israël avaient une autonomie politique lors du premier Temple de Jérusalem, ils vivaient sous la tutelle des Perses lors des débuts du Second Temple, jusqu’à l’époque de Hanoukah. Dieu délivre un message alors fondamental : la domination politique importe peu. L’essentiel est que la lumière de la Ménorah -et par là la lumière de la Torah- puisse pleinement briller sur son peuple.
On remarque d’ailleurs, dans le même esprit, que plus tard, le miracle de Hanoukah ne se produisit pas après la victoire politique des juifs sur les grecs. Il se produisit trois ans avant que ces derniers connaissent la défaite militaire face aux ‘Hashmonaïm. Aussi la seule bataille qui est célébrée dans la tradition est-elle celle qui a permis de libérer le Temple de Jérusalem pour y rétablir le service divin, par l’allumage de la Ménorah. Le reste importe peu.
Le Rav Elie Munk z’l remarque l’ironie de l’action de Titus, après la destruction du second Temple, qui s’empara de la Ménorah pour l’amener à Rome, croyant célébrer la victoire de la force militaire par cet acte. Il n’en est rien, car le symbole est tout autre : « La lumière qui brille sur la Ménorah nous apporte le message de la victoire de l’esprit sur les forces matérielles, et cet esprit est celui qui s’inspire de Dieu. Cette référence à Dieu nous apparaît symboliquement dans la Ménorah par le fait que les six lampes sont tournées vers la lampe mitoyenne, elle-même orientée vers l’ouest, où se trouve, dans le Saint des Saints, la résidence de la Che’hina (présence Divine) »
[Méguila 21b ; La Voix de la Torah, l’Exode, p.314]
On remarque ainsi, que contrairement à son utilisation politique postérieure, la Ménorah est l’inverse d’un symbole nationaliste. Elle représente une lueur d’espoir perpétuelle. Ses moults détails et les mystères qui l’entourent contribuent à démontrer que l’issue des évènements historiques dépend complètement de Dieu, qui anime Son plan à sa guise. Si l’on ne comprend pas tout, nous savons que la confiance que nous mettons en Lui constitue les prémices du travail de l’esprit.
Yona Ghertman
*Article publié dans l'hebdomadaire 'Actualité juive', Décembre 2017
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